mardi 29 janvier 2008

Café de Sévigné, Beaulieu-sur-Dordogne

Vendredi 1er février 2008, à partir de 20 heures 30, le Café de Sévigné accueillera Frédéric Le Hech et Jean-Michel Valade qui présenteront aux Bellocois leur récent ouvrage, "Une Histoire de Brive-la-Gaillarde", paru aux Ardents Editeurs à Limoges.
Une séance de dédicace clôturera la soirée.

jeudi 17 janvier 2008

BONNES FEUILLES des GRANDES AFFAIRES CRIMINELLES DE CORREZE

Avec l'aimable autorisation des Editions De Borée à Sayat (Puy-de-Dôme), voici en exclusivité les bonnes feuilles du premier chapitre du prochain ouvrage de Jean-Michel Valade "Les Grandes Affaires criminelles de Corrèze".

Deux siècles de violence en Corrèze.

Tout au long des XIXe et XXe siècles, la violence n’a jamais vraiment quitté le devant de la scène corrézienne. Quels qu’aient été les régimes politiques qui se sont succédé depuis la Révolution, les rapports humains ont trop souvent été empreints de brutalité. Violence aux biens, violence aux personnes, les archives judiciaires, comme la presse locale, n’en sont pas avares. Il suffit de s’y plonger pour prendre conscience que la criminalité a toujours été une constante en Corrèze.
Alors, en s’attachant à analyser la seule violence réprimée par la Cour d’assises, l’historien est à même d’exhumer, au fil de ses recherches, un lugubre musée des horreurs, fort bien achalandé, où les turpitudes de l’âme humaine apparaissent dans toute leur noirceur. En effet, dans ce département qui est pourtant resté très longtemps une terre rurale, assassinats, meurtres, parricides, empoisonnements, infanticides, viols, attentats à la pudeur, incestes, comme incendies volontaires ou encore vols crapuleux, ont été légion. Certes, et c’est heureux, la Corrèze ne peut revendiquer de tueurs en série, même si Joseph Vacher a probablement sévi épisodiquement, à Brive, en novembre 1896. Mais elle a donné à l’histoire criminelle du pays quelques affaires de renom. Ainsi l’affaire Lafarge qui, en 1840, a fait du Glandier un haut lieu de la criminalité française. Telle aussi, quelque quatre-vingts ans plus tard, l’affaire du corbeau de Tulle qui a tenu en haleine, des semaines durant, une partie de la presse nationale.
Violence ordinaire.
Pour autant, il serait excessif de penser qu’il a existé une violence spécifique à la Corrèze. Les crimes jugés ne se différencient guère de ceux perpétrés, à la même époque, dans les autres départements ruraux. Selon l’étude d’E. Tarnowski sur le Mouvement de la criminalité dans les différentes régions de la France en 1879-1901, la Corrèze appartient à un groupe de 29 départements de l’ouest, du sud-ouest, du centre et du sud-est du pays – qu’il qualifie de “la partie la plus pauvre et la plus arriérée de la France” –, où le nombre de prévenus pour 100 000 habitants, avec 402, est largement inférieur à la moyenne nationale, 529. Et dans cet espace relativement homogène, l’on retrouve bien des caractéristiques criminelles communes – corroborées, d’ailleurs, par une autre étude publiée en 1906, Les données de la statistique criminelle, qui porte, elle, sur les années 1825-1902.
Tout d’abord, la plupart des actes jugés aux Assises, à Tulle, sont relatifs à des affaires de violence aux personnes, à la différence des départements citadins où la très grande majorité des crimes émane d’une violence s’étant exercée sur les biens.
Ensuite, les hommes sont pour l’essentiel les vecteurs de la violence. Les femmes criminelles existent, bien sûr. Notamment, celles qui doivent répondre devant la Justice avant tout d’infanticide et, quelquefois, d’avortement. Leur autre grande spécialité semble être aussi l’empoisonnement. La Corrèze n’y déroge pas, avec l’affaire Lafarge. Mais au total, pour le XIXe siècle, les statistiques nationales considèrent que la criminalité féminine ne concerne que 14 % des dossiers d’Assises.
Sexe, alcoolisme.
En revanche, dans un univers masculin et longtemps régi par l’article 213 du Code Napoléon qui pose le principe de “l’obéissance de la femme à son mari”, les femmes peuplent le parterre des victimes. Et de quelle façon ! Les homicides conjugaux foisonnent. Les violences sexuelles s’expriment sans grande retenue. D’autant que les viols sont des crimes faiblement punis. Même en 1932. Cet été-là, à Tarnac, une toute jeune institutrice, encore vierge, subit les assauts répétés de deux paysans dans un champ de seigle. Violée à quatre reprises, elle a été l’objet d’une convoitise sociale estiment les jurés, des hommes, qui condamnent ses agresseurs à deux ans de prison, peine assortie du sursis pour l’un d’entre eux.
Autres proies recherchées par les déviants sexuels, les enfants. Même si le terme de pédophilie reste encore à inventer – il apparaît seulement en 1969 –, plusieurs affaires émaillent l’histoire judiciaire corrézienne. Les plus sordides concernent des éducateurs. Ainsi ce maître d’école de Brive qui, juste après la Libération, est convaincu d’attentats à la pudeur sur une vingtaine de garçonnets. Tel, plus tard, cet instituteur du canton de Juillac, condamné à cinq ans de réclusion criminelle, en 1961, pour avoir entretenu des relations sexuelles avec l’une de ses élèves âgée de quatorze ans.
L’alcoolisme, chronique dans bien des campagnes corréziennes, joue aussi pleinement son rôle dans la violence au quotidien. L’ivrognerie est pour beaucoup, en effet, dans les différends passionnels qui se terminent mal, tout comme dans les rixes à l’issue fatale. On s’enivre avant tout avec du vin – c’est la boisson préférée des soûlauds, parce la plus répandue et la moins chère –, quelquefois avec de l’eau-de-vie. Il faut attendre les tout débuts des 30 Glorieuses pour que les apéritifs, notamment anisés, partent à l’assaut de ce monopole solidement enraciné.
Armes.
Si l’alcoolisme a donc très souvent soutenu la main des criminels, il n’a pas tué directement pour autant. Alors, quand on se penche sur les armes utilisées par les uns ou les autres, l’arsenal s’avère édifiant.
Les couteaux, parfois de poche, arrivent largement en tête du hit parade. Pour eux, les cibles de prédilection sont le cœur ou la gorge. Cela donne un travail propre, soigné même.
Les rasoirs comme les cordes ont également pas mal séduit, en raison de leur efficacité.
Quant aux outils agricoles, les houes, les fourches, les haches par exemple, ils se sont révélé être d’un bon rendement.
Parfois, un bâton ou une simple bûche de bois a suffi au bonheur des assassins.
En d’autres circonstances, lorsque le crime n’est pas prémédité, ce qui se trouve à proximité devient une arme : une simple pierre sur le chemin, un trépied dans le cantou, un merlin sur le rebord d’une cheminée ou encore un pilon pour la bacada des cochons.
Bien sûr, dans ce palmarès-là, les coups de fusil ont leur mot à dire, avant tout en milieu rural, cela va de soi, chasse oblige…
Enfin, en cas de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, une bonne paire de gifles bien assénées a pu conduire devant les Assises.
Gendarmes, policiers.
Pour prévenir cette violence et la juguler lorsqu’elle s’est exprimée, les pouvoirs publics ont à leur disposition les forces de la Gendarmerie et celle de la Police.
Eu égard au caractère rural de la Corrèze, pendant très longtemps, les premières ont été pratiquement les seules sollicitées. En effet, durant tout le XIXe siècle, aucune affaire n’échappe aux gendarmes. Ce sont toujours eux qui arrivent en premier sur les lieux du crime. Le maillage du territoire en brigades, chacune correspondant grossièrement à la taille d’un canton, explique leur intervention rapide. Leur bonne connaissance des populations locales, régulièrement entretenue par des patrouilles de surveillance, fait aussi des gendarmes des auxiliaires appréciés des magistrats instructeurs.
Au cours du siècle suivant, et pas seulement en milieu urbain, la Police a été impliquée à son tour. D’abord par le biais du service de la Police mobile, basé à Clermont-Ferrand, qui se déplace sur les lieux du crime à la demande du Parquet. Plus tard, et en maintes circonstances, la Police Judiciaire de Limoges prête son concours aux policiers locaux.
Le XXe siècle a vu également l’irruption de la criminalistique afin de faciliter le règlement de certaines affaires ténébreuses. Ainsi, le Professeur Locard, l’une des pères de la Police scientifique, est-il venu en Corrèze au temps où le Corbeau inondait de lettres anonymes le quartier du Trech, à Tulle. Une vingtaine d’années plus tard, en pleine Occupation, il sera à nouveau sollicité pour identifier l’origine du sang retrouvé sur les vêtements de l’auteur présumé d’un crime horrible à Allassac.
Au total, grâce à leur savoir-faire, gendarmes et policiers ont très souvent neutralisé celles et ceux qui s’étaient exprimé par la violence.
Juges et avocats.
C’est alors à la Justice de prendre en charge les présumés coupables. La procédure judiciaire est rapide : en général, moins d’une année s’écoule entre l’inculpation et le procès en Assises. Parfait exemple, celui de cette jeune fille de Lubersac convaincue d’infanticide. Placée sous mandat de dépôt le 30 avril 1894, elle est condamnée le 4 juin suivant.
Fait original, avant 1958, il est parfois arrivé que le début de l’information ait été confié, à titre transitoire, au Juge de Paix cantonal, dont la connaissance des usages locaux fait merveille. Mais, assez rapidement, le Parquet le décharge au profit d’un Juge d’Instruction œuvrant dans le ressort de l’un des trois tribunaux siégeant en ville, à Tulle, Brive ou Ussel.
Au fil des décennies, la professionnalisation de la Justice s’opère. Disparaît alors ce temps où une prévenue s’appelant Madame Lafarge avait obtenu l’autorisation que sa fidèle femme de chambre puisse partager avec elle sa cellule… Arrive aussi la période où le magistrat instructeur peut solliciter l’aide de davantage d’experts. Outre les médecins légistes, chargés de l’autopsie des cadavres des victimes, des psychiatres sont désormais commis : il leur revient de déterminer si au moment des faits les criminels sont pleinement responsables de leurs actes. Ainsi est-il fait souvent appel aux spécialistes des Hôpitaux soit de La Cellette, soit de Naugeat, à Limoges.
À partir de 1896, une nouveauté s’instaure : lors des interrogatoires et des confrontations éventuelles décidées par le magistrat instructeur, l’inculpé a droit à l’assistance d’un avocat. C’est un progrès réel, bien que la barrière sociale conduise à ce que certains soient commis d’office par le Bâtonnier. Sans le sou, nombre d’inculpés doivent en effet s’en contenter.
Dans la quasi-totalité des cas, les avocats qui plaident en Assises sont des notables locaux issus des barreaux du ressort de la Cour d’Appel de Limoges. Quelques belles figures ont eu l’occasion de s’illustrer en Corrèze. Charles Lachaud, bien sûr, l’un des défenseurs de Madame Lafarge, mais aussi Me Sérager, Me Delmotte ou Me Louis Miginiac. D’autres encore, qui, à leur exemple, réussirent aussi à sauver la tête de leurs clients.
Peine capitale.
Paradoxe corrézien ! Si la guillotine a peu fonctionné dans le département lors de la Terreur, le Code pénal, par la suite, a su ne pas la laisser totalement au repos. Bien des têtes ont roulé dans le panier installé par le bourreau… Davantage que pendant la Révolution…
En effet, de nombreuses condamnations à mort ont été prononcées à Tulle. Au moins une vingtaine, car nos recherches menées aux Archives départementales ne sauraient prétendre à l’exhaustivité. Et beaucoup ont été suivies d’exécutions, publiques bien souvent.
D’ailleurs, le chef-lieu départemental n’a pas toujours eu l’exclusivité de ces spectacles sordides. Sous la Monarchie de Juillet, par exemple, c’est à Lubersac, et devant une foule considérable, que les deux protagonistes de l’affaire dite de la ferme de Landerie montent sur l’échafaud. Après guerre, la Seconde, un semblant d’humanité préside aux œuvres du bourreau : en 1948, le meurtrier d’un chauffeur de taxi briviste est exécuté dans la cour de la prison de Limoges.
À regarder les motifs de ces condamnations à la peine suprême, les assassinats sont presque toujours en première ligne. Cependant, en 1821, les dénommés Gaiphard et Robin sont exécutés pour avoir rançonné et volé les passagers d’une diligence… Leur assez lourd passé judiciaire, comme leur évasion de la prison de Tulle, juste avant le procès, expliquent l’extrême sévérité du Jury.

Au total, à travers trente-cinq affaires jugées en Assises entre 1820 et 1964, la violence en Corrèze apparaît sans fard. Tout au long de ces deux siècles, des crimes sordides ont défrayé la chronique départementale, voire nationale, nourrissant au passage l’imaginaire de plusieurs générations d’hommes et de femmes.
Les choix opérés ont conduit à présenter une typologie qui se veut caractéristique. Mais comme les Archives départementales de la Corrèze ne conservent pas l’intégralité des dossiers d’Assises, l’historien, une fois encore, a été confronté aux contraintes inhérentes aux sources. Ce que le philosophe Émile Chartier, dit Alain, avait résumé à sa façon en définissant le document comme un vieux papier que la dent des rats, la négligence des héritiers, les flammes de l’incendie … les exigences de la chaise percée ont épargné par hasard.

lundi 14 janvier 2008

GRANDE GUERRE

Le 31 janvier 2007, dans le cadre de la Journée d'Etude du Service éducatif du Centre Edmond-Michelet, à Brive, consacrée à la Grande Guerre, Jean-Michel Valade était intervenu, aux côtés de Nicolas Offenstadt, pour évoquer la correspondance de guerre d'un poilu corrézien.
A l'issue de cette Journée, un résumé de son intervention avait été mis en ligne sur le site du Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 www.crid1418.org
En ce début d'année, l'intégralité du texte vient d'être publié dans le Numéro 30 d'Archives en Limousin, pages 41-43, sous le titre "Je ne suis pas malheureux. Ainsi, ne te fais pas de mauvais sang. La Grande Guerre racontée par un poilu corrézien à son épouse".

mercredi 2 janvier 2008

RENTREE LITTERAIRE D'HIVER

Fin février 2008, les éditions De Borée vont publier le nouveau livre de Jean-Michel Valade "Les Grandes Affaires criminelles de Corrèze", un ouvrage de 352 pages préfacé par Claude Michelet.
Au sommaire, 35 affaires qui ont défrayé la chronique départementale, et quelquefois nationale, entre 1820 et 1964.